Alexandre VI

Naissance et origine
Rodrigo de Borja naît le 1er janvier 1431 à Xàtiva, près de Valence, dans le royaume d’Aragon (actuelle Espagne). Il est issu de la famille noble des Borja, qui jouit d’une certaine influence grâce à des liens étroits avec l’Église. Son oncle, le pape Calixte III, joue un rôle déterminant dans son ascension, offrant à Rodrigo une voie rapide vers le pouvoir. Rodrigo fait ses études de droit à l’université de Bologne, l’un des principaux centres intellectuels de l’époque. Grâce à l’influence de son oncle, il commence sa carrière ecclésiastique à un très jeune âge, devenant cardinal en 1456 à seulement 25 ans. Cela marque le début d’une carrière dédiée autant à la politique qu’à la religion.
Rodrigo, homme d’Église
Malgré sa position dans l’Église, Rodrigo de Borja est connu pour son mode de vie débauché. Il entretient plusieurs maîtresses et a au moins sept enfants reconnus, dont les célèbres Césare Borgia et Lucrèce Borgia. Il s’assure que ses enfants bénéficient de titres et de richesses, consolidant ainsi la puissance de la famille Borgia. En tant que cardinal, il occupe des fonctions lucratives qui lui permettent d’accumuler une immense fortune. Sa richesse et son habileté politique le rendent incontournable dans la curie romaine.
La conquête du trône papal
Rodrigo Borgia devient pape le 11 août 1492, prenant le nom d’Alexandre VI. Son élection est marquée par des accusations de simonie (vente de charges ecclésiastiques). Il utilise ses vastes ressources financières pour acheter les votes de plusieurs cardinaux lors du conclave, s’assurant ainsi la tiare pontificale. Une partie de ces ressources provient de la vente de terres et de biens en Espagne, renforçant son image de pape corrompu et avide de pouvoir. Son pontificat débute dans un contexte de bouleversements politiques en Italie, où les grandes puissances européennes rivalisent pour le contrôle de la péninsule. Alexandre VI voit dans cette instabilité une opportunité d’accroître le pouvoir de sa famille.
Le mariage politique de sa fille Lucrèce Borgia
Alexandre VI utilise les mariages de ses enfants, en particulier celui de sa fille Lucrèce Borgia, comme un instrument politique. Lucrèce est mariée trois fois, chaque union étant conçue pour servir les intérêts dynastiques des Borgia.
- Premier mariage : en 1493, Lucrèce épouse Giovanni Sforza, un membre de la puissante famille milanaise des Sforza. Cette alliance vise à renforcer les liens entre Rome et Milan. Cependant, Alexandre annule ce mariage en 1497, déclarant (faussement) que l’union n’a pas été consommée, car les Borgia n’ont plus besoin de l’alliance avec les Sforza.
- Deuxième mariage : en 1498, Lucrèce épouse Alphonse d’Aragon, un prince napolitain. Cette alliance sert à rapprocher la papauté du royaume de Naples. Cependant, lorsque cette alliance devient politiquement inutile, Alphonse est assassiné en 1500, probablement sur ordre de Césare Borgia.
- Troisième mariage : en 1501, Lucrèce épouse Alfonso d’Este, duc de Ferrare. Ce mariage renforce les Borgia en les associant à l’une des familles les plus influentes d’Italie.
Ces unions arrangées montrent à quel point Alexandre VI était prêt à instrumentaliser sa propre famille pour atteindre ses objectifs politiques.

Sous l’influence de Césare Borgia
Césare Borgia, le fils préféré d’Alexandre VI, joue un rôle central dans les ambitions de son père. Destiné initialement à une carrière ecclésiastique, il abandonne ses fonctions de cardinal en 1498 pour se consacrer à la politique et à la guerre. Avec l’appui d’Alexandre VI, il devient capitaine général des armées papales. Alexandre VI soutient les campagnes militaires de Césare, qui visent à conquérir des territoires en Romagne et à établir un État centralisé sous le contrôle des Borgia. Césare, impitoyable et ambitieux, élimine ses ennemis avec une brutalité légendaire, tout en utilisant la richesse et l’influence de son père pour asseoir son pouvoir. La relation entre Alexandre et Césare est profondément symbiotique. Alexandre fournit les moyens financiers et politiques, tandis que Césare exécute les plans. Cependant, cette dépendance excessive à son fils affaiblit le prestige de la papauté et accroît la méfiance envers les Borgia.
Mort d’Alexandre VI
Alexandre VI meurt le 18 août 1503, probablement des suites de la malaria, bien que des rumeurs circulent selon lesquelles il aurait été empoisonné. Sa mort survient à un moment critique, alors que Césare Borgia est engagé dans des campagnes militaires pour consolider son pouvoir. Avec la disparition d’Alexandre, Césare perd son principal soutien et sa position s’effondre rapidement. Les derniers moments d’Alexandre VI reflètent sa vie tumultueuse. Sa mort provoque une vague de jubilation à Rome, où il était largement détesté pour sa corruption et son népotisme. Son corps, enflé et décomposé rapidement, est enterré dans la basilique Saint-Pierre, mais sans les honneurs réservés aux grands papes.
Un héritage controversé
Alexandre VI reste l’une des figures les plus controversées de l’histoire de la papauté. S’il a renforcé temporairement le pouvoir des Borgia et protégé les intérêts de l’Église dans un contexte politique instable, son pontificat est entaché par des scandales de corruption, de népotisme et de favoritisme. Cependant, certains historiens reconnaissent en Alexandre VI un fin diplomate et un homme politique habile, capable de naviguer dans les eaux troubles de l’Italie de la Renaissance. Il est aussi l’incarnation des excès de son époque, où pouvoir et religion étaient étroitement liés.
Liens utiles :
- La vie de Alexandre VI
- vers la page des personnages historiques
- Son fils César Borgia