Un druide

Introduction
Chefs religieux de la religion celte, les druides étaient des figures centrales dans les sociétés celtiques antiques, tenant différents rôles, essentiels au bon fonctionnement des tribus. À la fois prêtres, ministre du culte, théologien, philosophes, médecins, juges et gardiens de la mémoire collective, ils incarnaient l’autorité spirituelle et intellectuelle de leur époque et étaient également les conseillers militaires du roi et de la classe guerrière. Intermédiaire entre les Dieux et les hommes, la fonction de Druide correspond à la première fonction de l’idéologie tripartite des Indo-Européens.
Lui seul peut célébrer les cérémonies sacrées et pratiquer certains types de sacrifices.
Les Celtes par ailleurs avaient des druidesses, la fonction de druide n’étant pas réservées exclusivement aux hommes et l’homosexualité était parfaitement admise, à partir du moment où la personne concernée tenait correctement son rôle au sein du clan ou de la tribu (avoir eu des enfants et être un bon guerrier ou un bon artisan.
Leur érudition était large même s’ils ne croyaient pas en la transcription de leurs connaissances sous forme écrite, ainsi tout ce que l’on sait d’eux, sur leurs croyances et leurs pratiques nous viennent de textes écrits par les Romains et les Grecs et particulièrement de Jules César. Si les druides préféraient transmettre leur savoir à l’oral, les Celtes se servent néanmoins de l’écriture Oghamique composée de 300 signes qui sont parvenus jusqu’à nous grâce à des inscriptions funéraires gravées dans de la pierre. Cette écriture tient son nom du Dieu Ogme qui en est le créateur.
Il n’existe donc pas de textes équivalents à la Bible par exemple mais des récits et des témoignages antiques recueillis par Diodore de Sicile, Strabon, Pline l’Ancien mais surtout par César (« Commentaires sur la guerre des Gaules »). Nous avons par ailleurs, le « Livre des Conquêtes d’Irlande » retraçant l’histoire des Tuatha Dé Danann
Le terme « druide » vient probablement du proto-celtique dru-wid- signifiant « très savant » ou « grand connaisseur ».
Il se compose de dru- (fort, grand) et de wid- (savoir, connaissance). On retrouve des termes similaires dans les langues modernes, comme draoi en irlandais ou derwydd en gallois.
Les druides jouaient un rôle central dans les grandes fêtes qui structuraient l’année celtique. Ces célébrations reflétaient l’harmonie entre les cycles naturels et spirituels :
Les druides supervisaient les rites religieux, cultuels et les sacrifices, considérés comme des moyens d’honorer les dieux et de maintenir l’équilibre entre le monde terrestre et spirituel. Ces cérémonies incluaient des offrandes animales et, très rarement, humaines (il s’agissait là de prisonniers de guerre), surtout en période de crise majeure comme une guerre ou une calamité naturelle. Ils pratiquaient entre autres, la lustration (sorte de baptême) grâce à l’eau et la purification des troupeaux grâce au feu.
L’un des rituels les plus célèbres impliquait la cueillette du gui sacré sur les chênes, arbres vénérés par les Celtes. Cette cérémonie se déroulait à des moments précis, souvent à la fin de l’année, et nécessitait une faucille d’or pour couper le gui. Les druides recueillaient ensuite la plante dans des tissus blancs, en évitant qu’elle ne touche le sol, et procédaient à un sacrifice rituel de taureaux.
Ils utilisaient également les incantations comme la geis, par exemple qui était constituée d’obligations et d’interdits que l’on devait respecter sous peine de mort.
Les druides ne possédaient pas de temples comme dans les autres cultures antiques ; leurs rites se déroulaient dans des clairières, des bois sacrés ou des lieux naturels considérés comme sacrés.
Les druides étaient les gardiens du savoir celtique, couvrant des domaines variés comme l’astronomie, la médecine, la poésie, l’histoire et la théologie. Comme leur savoir était transmis oralement, devenir druide exigeait des années, voire des décennies, d’apprentissage.
Ils enseignaient que l’univers était interconnecté et que la vie suivait un cycle continu de mort et de renaissance. L’autre Monde, le Sidh, et la métempsycose (le principe de réincarnation est complètement différent et ne fait pas partie des doctrines druidiques) étaient un concept central, les druides considérant que l’âme humaine renaissait dans un autre corps après la mort sous forme humaine, animale, végétale ou minérale et que cette âme, entre chaque vie, se reposait dans l’Autre Monde. Cette croyance leur conférait une sérénité face au destin et renforçait leur autorité spirituelle et de par ce fait, les guerriers celtes ne craignaient pas vraiment la mort.
Au cours de leurs promenades dans la nature, les druides méditaient tout en faisant la cueillette de leurs plantes médicinales et partaient du principe que les animaux qu’ils croisaient leur apportaient certaines réponses en fonction de leur comportement. Aussi, les druides avaient une grande connaissance du monde animal et se référaient à eux régulièrement.
Parce qu’ils se transmettaient mutuellement leur savoir à l’oral, les Druides avaient une grande conscience de l’existence du passé. Ainsi, ils vénéraient leurs ancêtres et considéraient que les Dieux en faisaient partie.
Attention : le Néo-druidisme qui apparut au XVIIIe siècle a eu tendance à réviser certaines doctrines, les parant d’idéologies nouvelles, en transformant la métempsycose en réincarnation, l’amour et le respect de la nature en véganisme ou régime végétarien et la non-obligation du Druide à partir à la guerre en pacifisme, par exemple. Il est important de noter que ce mouvement n’a aucune filiation traditionnelle avec les Druides de l’antiquité. Les Druides n’étaient pas végétariens et pratiquaient des sacrifices animaliers, ils n’étaient pas « non-violents », car même s’ils préconisaient la réflexion et la paix, ils pouvaient être de redoutables guerriers. Lors des sacrifices, contrairement aux Grecs et aux Romains, les meilleurs morceaux étaient mangés et seules les fumigations étaient réservées aux Dieux.
Dans une société où les clans pouvaient facilement entrer en conflit, les druides jouaient un rôle clé en tant qu’arbitres et réglaient parfois les conflits éventuels entre eux. Leur connaissance des lois ancestrales leur permettait de régler les différends de manière équitable que ce soit des conflits mineurs ou plus graves aussi bien pour les particuliers que pour la tribu ou le clan.
Ils avaient également le pouvoir d’imposer des geasa, des interdictions ou obligations mystiques destinées à guider ou restreindre les actions de certains individus, notamment des chefs ou des guerriers. Ces injonctions, souvent perçues comme sacrées, renforçaient leur rôle de gardiens de l’ordre moral et social.
Le roi prononçait la sentence mais sous le conseil du Druide car, comme nous l’avons vu en introduction le Roi ne parlait pas avant son Druide mais leur binôme était indispensable à l’équilibre du clan car le pouvoir politique dépendait du pouvoir spirituel.
En dehors de leur fonction de magistrats, les Druides pouvaient être sur les champs de bataille, participant à la guerre par le biais de conseils tactiques militaires, mais ils pouvaient également se battre s’ils le désiraient comme le fit le Druide Cathbad (le grand-père du héro Cù Chulainn) dont le nom signifiait « Tueur au combat ».
Les Tuatha Dé Danann (Gens de la déesse Dana – les dieux de l’Irlande) ont un dieu-médecin, Dian Cècht qui est un expert dans la magie et la médecine, il soigne et rétablit les blessés, il ressuscite les morts en les immergeant dans la Fontaine de Santé, il fabrique une prothèse au roi Nuada qui a eu le bras arraché. Les épopées des Tuatha Dé Danann sont pleines de ces guérisons, où les plantes, les incantations et les breuvages magiques sont utilisés.
Les druides étaient réputés pour leurs compétences en divination, ils interprétaient les rêves ou utilisaient des méthodes variées comme l’examen des entrailles animales, le vol des oiseaux ou les phénomènes météorologiques. Ces pratiques leur permettaient de conseiller les chefs dans leurs décisions stratégiques.
Ils maîtrisaient également des sorts et des incantations, souvent associés à l’utilisation de plantes médicinales ou magiques, renforçant leur aura de mystère et de puissance.
Devenir druide nécessitait une formation longue et exigeante, pouvant s’étendre sur vingt ans. Les élèves devaient mémoriser des milliers de vers et apprendre des disciplines variées, allant de l’observation des astres à la composition poétique, en passant par l’interprétation des rêves et des présages. En contrepartie de cette longue initiation, les Druides ne payaient pas d’impôts et n’étaient pas obligés de porter les armes et de partir à la guerre (cependant, beaucoup d’entre eux étaient des Druides guerriers et conseillers militaires, ils étaient donc souvent sur les lieux des combats).
Dans la tradition irlandaise, le file (pl. filid) est un devin ; il a remplacé le barde dont il possédait aussi les attributions. En fonction de leurs spécialités, les filid sont sencha (historien, professeur), brithem (juge et juriste), scelaige (conteur), cainte (satiriste), liaig (médecin), dorsaide (portier), cruitire (harpiste), deogbaire (échanson). Le devin est le faith, la prophétesse est banfaith ou banfile. Ollamh est le titre le plus élevé (le sens du mot est « docteur, savant ») devant l’anruth (brillant). L’oblaire étant l’étudiant.
Ollam (Ollamh en irlandais contemporain) est le rang le plus élevé, ce file est qualifié pour répondre à toute question, il doit connaître plus de trois cent cinquante récits. Le nom a le sens de « docteur », c’est-à-dire d’érudit.
Anrad, le sens du nom est « poète de second rang » et aussi de « champion ».
Cli signifie « pilier » mais aussi « pommier » dont le fruit est le symbole de la connaissance.
Cana aurait le sens de « chanteur ».
Dos est un poète en troisième année d’étude, le nom signifierait « buisson ».
Mac fuirmid est un poète en deuxième année d’étude, signifie « effort ».
Fochlocon, ce file subalterne doit savoir parfaitement trente récits.
Taman signifie « tronc d’arbre », c’est un file qui commence son apprentissage.
Oblaire premier grade de la hiérarchie, ce nom est en relation avec la pomme et du savoir qu’il n’a pas encore.
NB : la formation d’un druide pouvait nécessiter des voyages pour étudier auprès de maîtres dans d’autres régions celtes, notamment en Irlande ou en Gaule.
Avec la conquête romaine, le druidisme subit un déclin progressif, les Romains ayant interdit ses pratiques pour briser l’unité culturelle des Celtes. La christianisation finit par effacer les derniers vestiges de cette tradition, bien que certains éléments aient survécu dans les récits folkloriques et la littérature médiévale.
Aujourd’hui, les druides continuent d’inspirer les mouvements néodruidiques modernes, qui réinterprètent leurs enseignements à travers une vision contemporaine mais non traditionnelle.
Liens utiles :
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- Cu Chulainn est à retrouver dans le tome 1 : Louise, le tome 2 : Gabriel, le tome 3 : Samuel, le tome 4 : Alister et le tome 5 : Ciàran.