Jeanne de France

Naissance et enfance

Jeanne de France naît le 23 avril 1464 au château de Nogent-le-Roi, près de Chartres. Elle est la deuxième fille du roi Louis XI et de Charlotte de Savoie. Dès sa naissance, Jeanne est perçue comme un obstacle potentiel dans les alliances politiques de son père, car Louis XI souhaitait un fils. Pour aggraver son sort, elle naît avec une malformation physique (des sources mentionnent une possible scoliose ou un handicap qui affectait sa démarche), ce qui conduit son père à la considérer avec mépris. Malgré tout, Louis XI prévoit d’utiliser Jeanne comme un pion politique. En 1473, alors qu’elle n’a que neuf ans, il la fiance à son cousin Louis d’Orléans (futur Louis XII), un mariage arrangé pour contrôler la maison d’Orléans, une des plus puissantes familles du royaume.

Jeunesse

La jeunesse de Jeanne est marquée par l’isolement et la solitude. Écartée de la cour, elle est confiée aux soins d’une gouvernante dans un environnement austère. Elle développe une profonde spiritualité et se réfugie dans la prière et la méditation, ce qui lui donne une force intérieure remarquable. En 1476, à l’âge de douze ans, elle épouse Louis d’Orléans. Cependant, Louis, contraint à ce mariage par la volonté de Louis XI, n’éprouve aucun sentiment pour Jeanne et méprise son physique. Le couple mène une vie séparée, et Jeanne endure cette humiliation avec une patience et une dignité qui illustrent son caractère pieux et humble.

Reine de France

La vie de Jeanne change radicalement en 1498, lorsque son mari devient Louis XII après la mort de Charles VIII. En tant qu’épouse légitime, elle devient officiellement reine de France. Cependant, Louis XII, qui souhaite épouser Anne de Bretagne pour des raisons politiques et dynastiques, entreprend aussitôt de faire annuler son mariage avec Jeanne. Il invoque une non-consommation de leur union et l’argument d’un mariage imposé contre sa volonté. L’affaire est portée devant le pape Alexandre VI, qui, sous la pression de Louis XII, annule le mariage en 1498. Jeanne accepte cette décision sans opposer de résistance publique, bien que profondément blessée. Elle déclare même : « Plutôt que de me perdre pour le royaume des cieux, je préfère perdre un royaume terrestre. »

Gisant de Jeanne dans le couvent des Annonciades à Bourges

Duchesse de Berry

Après l’annulation de son mariage, Jeanne reçoit en compensation le duché de Berry, où elle s’installe. Libérée des contraintes de la vie de cour, elle s’épanouit dans sa piété et consacre ses dernières années à la charité et à des projets religieux. En 1501, Jeanne fonde l’ordre de l’Annonciade, une congrégation dédiée à la Vierge Marie, axée sur la prière, la charité et une vie simple. Cet ordre reflète son idéal de pureté et de dévotion. Jeanne s’implique activement dans la vie spirituelle et administrative de l’ordre, rédigeant des règles et encourageant la fondation de couvents.

Mort

Jeanne de France meurt le 4 février 1505 à Bourges, à l’âge de 40 ans. Sa santé fragile, qui l’avait accompagnée toute sa vie, finit par l’emporter. Elle est inhumée dans l’église du couvent des Annonciades à Bourges, qu’elle avait elle-même fondé. Sa piété et son dévouement lui valent rapidement une réputation de sainteté. En 1742, elle est canonisée par le pape Benoît XIV, devenant Sainte Jeanne de France. Son héritage perdure à travers l’ordre de l’Annonciade, qui existe encore aujourd’hui.

Un héritage de foi et de résilience

Jeanne de France est un exemple frappant de force intérieure et de foi dans l’adversité. Malgré un mariage malheureux, une annulation humiliante et une santé fragile, elle a transformé sa vie en une quête de paix spirituelle et de service aux autres. Son parcours, de reine rejetée à sainte canonisée, illustre une résilience hors du commun et une influence durable sur la vie religieuse en France.

Liens utiles :

La vie de Jeanne de France
vers la page des personnages historiques